Parce que fabriquer est devenu expression

Faire est un pouvoir, c’est manipuler des choses pour en dégager un quelque chose, une idée, un truc qui s’apparente à une pensée et qui est, en fin de compte, la construction d’une vision, d’une manière de voir. C’est la confrontation et la stimulation, la participation à l’élaboration de l’environnement, sa transformation.

Il est souvent associé au productif, en bas de l’échelle sociale, et ne pas faire, à l’inverse, est une des plus hautes expressions, celle du détachement du monde matériel. Il appartient en réalité au monde du désir, de l’envie, de la construction d’un monde idéalisé.

Certains ont rêvé durant la modernité que les faiseurs s’appropriaient leurs moyens de production, et devenaient ainsi propriétaires de leur force, leurs gestes, mettant ainsi en route un formidable moteur capable de pousser, réinventer et transformer la société. L’informatique, la robotisation, la dissipation des classes ouvrières, l’individualisme ou la consommation ont eu bien vite gommées les utopies passées.

Mais dans nos environnements prêt à porter, devenus tous utilisateurs plutôt que producteurs, faire devient un acte singulier et qui prend valeur d’expression. Moi je le vois non seulement comme un positionnement « politique » et une expression sensible mais comme la résultante de cette volonté d’expression devenue LA possibilité de participation au monde.

Je mène alors, tel un activiste, un militant, avec tous les moyens que je puisse fabriquer, un travail de valorisation, de sacralisation ou de diabolisation de l’acte de faire.

Certains y verront de la satire ou de l’utopie ; Faire devenue expression prolonge la portée des actes, élargit la palette des outils jusqu’au dérisoire qui en est sans doute parmi le plus puissant.

Publié par

Patrick Jouault

Patrick JOUAULT Né en 1973 La Motte - 53200 AZE